DÉPENDANCE

DÉPENDANCE

LA DÉPENDANCE
Croire que la dépendance est de l’amour, voilà un autre malentendu très courant auquel les psychothérapeutes sont confrontés quotidiennement.
L’un de ses effets les plus spectaculaires apparaît chez l’individu qui menace ou tente de se suicider, ou qui fait deTypes de personnalitésà la suite du rejet ou de la séparation d’un amant ou d’un époux. Une telle personne dira :

-Je ne peux pas vivre sans mon mari (ma femme, mon amie), je l’aime tellement !
Et je répond :
– Vous faites erreur, vous ne l’aimez pas.
– Mais, reprend-elle en colère, je viens de vous dire que je ne pouvais pas vivre sans lui (elle).
Alors j’essaie d’expliquer :
– Ce que vous décrivez, c’est du parasitisme, pas de l’amour. Lorsqu’on a besoin d’un autre individu pour survivre, on parasite cet individu. Il n’y a pas de liberté dans votre relation. Il s’agit de besoin plutôt que d’amour. L’amour est un choix délibéré. Deux personnes ne s’aiment vraiment que lorsqu’elles sont capables de vivre l’une sans l’autre mais choisissent de vivre ensemble.

Je définis la dépendance comme l’incapacité de se reconnaître comme un tout et de fonctionner correctement sans avoir la certitude qu’on est pris en charge par quelqu’un. La dépendance chez les adultes physiquement sains relève de la pathologie ; elle est malsaine et toujours la manifestation d’une déficience ou d’une maladie mentale. Il faut la distinguer de ce qu’on appelle communément les besoins ou sentiments de dépendance que nous avons tous, même si nous affirmons – à nous-mêmes et aux autres – le contraire. Nous avons tous le désir que quelqu’un s’occupe de nous, de recevoir sans effort, d’être choyé par quelqu’un de plus fort que nous. Même si nous sommes des adultes responsables, en regardant au fond de nous-mêmes avec lucidité, nous trouverons toujours un désir d’être chouchoutés de temps en temps. Chacun de nous aimerait avoir et recherche dans sa vie une figure maternelle et une figure paternelle satisfaisante. Mais ces sentiments et ces désirs ne régissent pas notre vie, ils ne sont pas le thème prédominant de notre existence. Lorsqu’ils en deviennent le pilier, alors nous sommes vraiment dépendant. En fait, ceux dont la vie est régie et dictée par les besoins de dépendance souffrent d’un trouble psychique auquel nous pouvons donner le nom-diagnostic de  »trouble de la personnalité passive-dépendante ». C’est probablement l’un des troubles les plus courants en psy.

Les passifs-dé

Amour

pendants, ceux qui en souffrent, dépensent tant d’énergie à se faire aimer qu’ils n’en ont plus pour aimer. Ils sont comme des affamés, grappillant de la nourriture partout ou ils le peuvent, sans rien avoir à offrir aux autres. C’est comme s’ils avaient en eux un vide, un puits sans fond hurlant pour qu’on le remplisse mais qui ne peut jamais l’être totalement.

LA DÉPENDANCE
Les passifs-dépendants ne peuvent jamais être comblés ni éprouver la plénitude. Ils ont toujours le sentiment qu’il leur manque quelque chose. Ils tolèrent mal la solitude. À cause de leur sentiment de manque permanent, ils n’ont pas de véritable sens de l’identité, et ils ne se définissent que par leurs relations avec les autres.

Une aptitude à changer si rapidement l’objet de son intérêt est caractéristique des individus passifs-dépendants. Peu importe de qui ils sont dépendants, du moment qu’ils ont quelqu’un. Peu importe leur identité, du moment qu’il y a quelqu’un pour leur en donner une. En conséquence, leurs relations avec les autres sont extrêmement superficielles, bien que spectaculaires par leur apparente intensité. À cause de la force de leur sentiment de vide intérieur et de leur désir de le combler, ils ne supportent aucun retard dans l’assouvissement de leur besoin des autres.
 
 Dans le diagnostic, le mot  »passif » est associé ao mot  »dépendant » parce que ces individus s’intéressent à ce que les autres peuvent faire pour eux, sans se soucier de ce qu’ils pourraient faire eux-mêmes. Un jour, en travaillant avec un groupe de cinq patients célibataires, tous des passifs-dépendants, je leur ai demandé de me raconter la situation dans laquelle ils voudraient se cinq ans plus tard. Chacun, à sa façon, répondit :

– Je voudrais être marié avec quelqu’un qui m’aime vraiment.
Pas un seul ne parla d’avoir un travail épanouissant, de faire de la création artistique, de contribuer à la vie de la communauté, d’être dans une situation ou il ou elle pourrait aimer, ou même d’avoir des enfants. La notion d’effort n’apparaissait pas dans leurs aspirations ; ils n’envisageaient qu’un état passif, ou ils ne feraient que recevoir.
Je leur dis, comme à beaucoup d’autres :
– Si votre but dans la vie est de vous faire aimer, vous échouerez. La seule façon de s’assurer l’amour, c’est d’être digne d’amour, ce que vous ne pourrez pas être tant que votre seul but sera d’être aimé passivement.

Cela ne veut pas dire que les passifs-dépendants ne font jamais rien pour les autres, mais plutôt que le motif de leurs actions est de forcer l’attachement des autres afin de s’assurer leur attention. Et ils ont du mal à agir sans réciprocité immédiate.

Par de tels comportements, une relation entre passifs-dépendants est peut-être durable et sécurisant, mais on ne peut pas dire qu’il soit sain ni tenu par l’amour ; la sécurité est en effet obtenue au prix de la liberté et de relations qui ne servent qu’à retarder ou à empêcher l’évolution personnelle des deux personnes en relation. Il nous faut toujours dire et répéter aux couples qu’une bonne relation ne peut exister qu’entre deux personnes matures, fortes et indépendante.

 

La dépendance passive prend sa source dans le manque d’amour. Le sentiment de vide intérieur dont souffrent les passifs-dépendants est la conséquence directe de l’incapacité manifestée par leurs parents à assouvir leurs besoins d’affection et d’attention pendant l’enfance. Nous l’avons vu, les enfants aimés et choyés avec constance entrent dans l’âge adulte avec le sentiment d’avoir de la valeur et d’être dignes d’amour. Cela leur vaudra d’être aimés tant qu’ils resterons honnêtes avec eux-mêmes. Tandis que les enfants qui grandissent dans une famille ou l’amour et l’attention sont rare ou totalement absents deviennent des adultes manquant de sécurité intérieure : ils ne sont pas sûrs d’eux, doutent de leur valeur, ils ont le sentiment de ne jamais avoir asses, que le monde est imprévisible et peu généreux. Rien d’étonnant à ce qu’ils se précipitent pour grappiller un peu d’amour et d’attention partout ou ils peuvent en trouver. Ils s’y accrochent alors avec désespoir et manifestent un comportement peu affectueux, manipulateur, machiavélique, détruisant le lien qu’ils cherchaient à préserver. Nous avons également indiqué que l’amour et la discipline vont de pair. Cela implique que des parents non affectueux et non attentionnés manques de discipline et, lorsqu’ils ne réussissent pas à donner à leurs enfants le sentiment d’être aimés, ils échouent par là même à leur apprendre la discipline. La dépendance excessive dont souffrent les passifs-dépendants n’est donc qu’une des principales manifestations de leur trouble de la personnalité ; ils manquent aussi de discipline. Ils ne veulent pas ou ne peuvent pas retarder l’assouvissement de leur soif d’attention. Dans leur recherche désespérée de liens à créer et à conserver, l’honnêteté ne compte plus. Ils s’accrochent à des relations moribondes au lieu d’y mettre fin. Et le plus grave, c’est qu’ils n’ont aucun sens des responsabilités. Passivement, ils voient les autres – souvent leurs propres enfants – comme étant leur seule source de bonheur et d’épanouissement, les considérant comme responsable de leur vide intérieur. En conséquence, ils sont perpétuellement en colère, en réaction se sentant abandonnés par les autres, qui ne peuvent jamais combler réellement leurs désirs ou les rendre heureux.

Un de mes collègues dit souvent :
– Écoute, devenir dépendant de quelqu’un est le pire mal que tu puisses te faire. Tu serais même mieux si tu étais dépendant de l’héroine car, tant que tu pourrais t’en procurer, elle ne te laisserait jamais tomber et pourrait te rendre heureux. Mais si tu attends le bonheur de quelqu’un d’autre, alors tu seras toujours déçu.

D’ailleurs, ce n’est certainement pas un hasard si le plus courant des problèmes qu’ont les passifs-dépendants – outre leurs relations avec les autres – est la dépendance vis-à-vis de l’alcool ou de la drogue. Ils ont une mentalité de  »drogués ». Ils sont dépendants des autres dont ils pompent la substance, et quand ceux-ci ne sont pas (ou plus) disposés à se laisser pomper, ils se tournent vers la bouteille, la seringue ou la pilules.

En résumé, la dépendance peut apparaître comme de l’amour parce que c’est une force qui oblige des gens à s’attacher farouchement l’un à l’autre. Mais, en fait, c’est une forme d’anti-amour qui prend sa source dans le manque d’amour parental et perpétue celui-ci. Il incite à recevoir plutôt qu’à donner. Il nourrit l’infantilisme plutôt que l’évolution. Il oeuvre pour piéger es restreindre plutôt que pour libérer. Et enfin, il détruit, plutôt qu’il ne construit, des relations aussi bien que des êtres humains.

Clown tristeScott Peck

  1. Suzie Baron

    Bonsoir j’adore vos articles merci de toutes l’aide que vous m’apporter

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